La reconstruction de la chapelle du prieuré de Longefont à Oulches par François et Agnès Chombart de Lauwe, qui ont conçu et porté le projet entre 2006 et 2015, impressionne par l’engagement sans faille des propriétaires et la qualité esthétique et patrimoniale du résultat. La conservation et la présentation in situ, dans un contexte architectural cohérent, des importants chapiteaux jusqu’alors ensevelis sous les gravats et menacés de dispersion ou de destruction, justifie à elle seule les efforts engagés avec le soutien scientifique, technique et financier des services de l’État en charge des monuments historiques.
Présentation du lieu et historique du projet
En 2005, Bernard Ruel, architecte du patrimoine, établit le lien entre la DRAC et les propriétaires, le prieuré de Longefont n’étant alors pas protégé au titre des monuments historiques.
Situé dans le département de l’Indre entre Saint-Gaultier et Le Blanc, près d’Oulches, le prieuré de moniales fontevristes est fondé dans les premières années du XIIe siècle, autour de 1110 grâce à un don d’Isambert de Cors. Si le logis de la prieure est aménagé précocement en maison d’habitation, il ne subsiste bientôt plus des bâtiments réguliers que l’église. Désaffecté en 1792, le bâtiment est laissé à l’abandon jusqu’à l’effondrement de la voûte en 1830. Les murs dérasés à quelques mètres de hauteur sont alors comblés par de la terre et des gravats et les portes sont murées. L’ensemble devient propriété de la famille Chombart de Lauwe en 1856.
Au moment où se nouent les premiers contacts, les propriétaires ont dégagé les ruines et retrouvé dans les remblais issus de l’effondrement de la voûte de la chapelle en 1830, les chapiteaux romans, un grand nombre de blocs de constructions provenant des murs et des voûtements et l’autel maçonné, qu’ils avaient entreposés sur le sol d’une grange.
La grande qualité des quarante-cinq chapiteaux ainsi retrouvés suscite immédiatement la réflexion autour de leur avenir. Le choix laissé aux propriétaires peut se résumer ainsi : - créer un musée lapidaire sur site, - vendre cet ensemble à la valeur financière certaine, - le déposer dans un musée, - concevoir un ambitieux projet de remise en place, solution qui recueille leur faveur.D’abord réservée sur ce projet, en l’absence de documentation précise – plans, dessin ou archives -, la conservation régionale des monuments historiques considère finalement qu’une reconstruction des volumes du bâtiment au plus près de l’original, permettant le réemploi par anastylose d’un maximum de pierres d’origine semble possible. En effet, les fondations sont en place, trente-six colonnes fragmentaires sont encore sur pied. Les murs intérieurs de l’église comportent des fragments de décors peints. Une grande partie des pierres d’appareil sont conservées sur le site. La taille et la configuration des chapiteaux permettent, dans le cadre de l’étude préalable menée par le maître d’œuvre, de les situer dans le plan de l’édifice. Le parti est pris de restituer la voûte en cul-de-four du chœur - dont les claveaux du grand arc étaient conservés - et de couvrir la nef d’une charpente lambrissée.
Pour préciser la configuration d’origine de la construction, le service de l’archéologie est associé à la réflexion et une fouille a lieu pour préciser le niveau des sols d’origine et réaliser une étude du bâti subsistant.
Parallèlement, les vestiges sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 22 février 2007 (« tous les vestiges en élévation et les sols de l’ancien prieuré de Longefont»).
Sur ces bases, la restauration est autorisée et accompagnée scientifiquement, techniquement et financièrement par le ministère de la Culture - Direction régionale des affaires culturelles Centre – Val de Loire (20 %), le reste des financements étant apporté par les propriétaires (67 %), le conseil départemental (10 %) et le mécénat (3 %).
La campagne de restauration est complétée par la création de vitraux conçus par le maître verrier Pierre Le Cacheux et réalisés par l’atelier Loire à Chartres.
La position du ministère de la Culture dans ce projet a été de bout en bout partenariale et a consisté à accompagner les propriétaires dans leurs projets de protection et de conservation d’un patrimoine dont ils ont la charge en premier ressort. Cela a été rendu possible du fait de l’association des services de la DRAC en amont de toute procédure formelle d’autorisation. Formons le vœu que ce partenariat se poursuivre dans les années à venir avec le même succès.
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